Une histoire de frites (au Japon)

Salut les copines, les copains, les trans et les autres,

Oui, parce que je fais dans l’exclusivité, mais je suis pour l’inclusivité aussi.

La pilule était mal passée la dernière fois et je tiens à clarifier. Non, je ne suis pas transphobe, rassurez-vous : je vous déteste toutes et tous équitablement.

Et puis, de toute façon, vous me stressez, et comme m’a appris ma prof de chant, « quand les gens te stressent, il faut te dire que ce sont des sacs à patates que tu as en face de toi ».

Alors voilà, vous êtes tous des sacs à patates dès à présent, désolé.

Et avec cette transition parfaite, parlant de sacs à patates, aujourd’hui, je veux vous parler de frites.

Et quand on dit parler de frites, ça rime bien avec parler de b

on sang, les gens ne savent pas faire de frites ici, à moins de 10000km de loin du pays des frites.

C’est vrai, ils pourraient quand même faire un petit effort : nous, en France, on arrive bien à faire des maki Kiri Saumon Fumé. Le moindre des respects serait pour eux de nous rendre la pareille.

Pardon ? La frite serait née en Belgique ? Les ramens sont nés en Chine, on en fait pas tout un plat… enfin si, bref, je ne fais pas dans le favoritisme, je vous déteste aussi.

Les frites, tout le monde adore ça par contre. Même moi, bande de sacs à patates. C’est fort en fibres et c’est drôle parce que ça rime avec fort en ch

Chier quoi, vous voulez vraiment savoir pourquoi j’ai créé un poteau pour en parler, alors que j’aurais pu en parler sur le Forum Libre ?

C’est très simple : j’en ai GROS sur les frites ici.

Ca tend vers le blanc, c’est pâle. Moi je les préfère plus colorées, genre brunes dorées, marron, beurrées voire un peu marron.

Je vous entends à faire des accusations de racisme : c’est pas vrai, j’ai une Honda blanche, et je vous déteste tous équitablement.

Et puis, en termes de variétés ici, c’est clairement pas la foire à la patate, les plus vendues ici sont :

  • Danshaku, qui veut dire baron, le swag de malade. Ou Irish Cobbler. Comment est-ce qu’on est passé de « cordonnier irlandais » à « baron » ? L’ascenseur social qu’elles ont ces patates, je jalouse. Soit, c’est pas ouf pour la frite, c’est une pomme de terre à purée.
  • May Queen, on reste dans les titres de noblesse et tout comme la noblesse, c’est bon pour la purée, et au mieux à rôtir.
  • Kita Akari, en provenance du royaume de la patate locale. En salade, en croquette (pas pour les chiens), mais pas en frite.
  • Enfin, le carton, c’est clairement ce qui est utilisé dans 93% des restaurants qui servent des frites ici. Vous n’avez pas besoin de venir goûter ici, il suffit de faire un tour au CROUS de Censier à Paris.

La meilleure patate à frites qu’on trouve facilement ici, c’est la patate douce, c’est vous dire. Bon, elles sont bonnes ces frites de patate douce, mais ça se trouve rarement.

J’aurais peut-être dû me dire que vous êtes des sacs à patates douces plutôt que des sacs à patates tout court.

Je me suis penché sur la question parce qu’en tant qu’amateur de frites, j’aime bien savoir pourquoi ce que je mets dans la bouche c’est aussi fade.

Il s’avérerait que c’est un pays qui ne connaît pas la frite, et je ne parle pas du taux de reproduction, car ce serait faire des présomptions sur nos voisins italiens.

Il suffit de voir la page Wikipedia japonaise sur les frites ; c’est un pâle sommaire traduit de la version anglaise.

Incompréhension totale sur tous les points.

Les japonais adorent ses furaidopoteto (ouais, ils appellent ça comme ça ici) et adorent les chips. Les chips ! C’est tout ce que ça vous fait quand je vous parle de chips ? Non, je ne vais pas m’attarder dessus, je suis ici pour parler de frites et de toute façon, leur amour pour les chips est très mal placé : elles sont dégueulasses moyennes.

Cet amour les avait d’ailleurs poussé dans des crises de la pomme de terre à l’instar d’une autre île européenne… enfin c’était infiniment moins dramatique, ils s’en sont sortis vraisemblablement vivants, c’était juste qu’il y avait plus de chips en rayon dans les supermarchés quelques semaines pendant le Covid, mais ça n’a pas amélioré la chips pour autant.

… Bref, il s’avère que tout ça, c’est la faute aux américains (!!).

ET BAH VOYONS, je vous entends dans le fond, « gnagnagna, encore de l’anti-américanisme de bas-étage, Célestin est un espion russe ».

Non, je vous jure que c’est vrai sur la pomme de la terre. J’en viens à jurer, c’est très rare, je vous le jure :

日本にフライドポテトが広まったのは1970年代になってからで、海外のハンバーガーショップが国内にオープンしたことがきっかけとなっています。

Quoi ? Tout ça c’est du chinois pour vous ? C’était donc vous, les racistes. DeepL vous dit :

« Les frites ne sont devenues populaires au Japon que dans les années 1970, lorsque des magasins de hamburgers étrangers ont ouvert leurs portes dans le pays. »

J’ai pris la peine de sourcer mes propos ; j’ai trouvé ça sur le site officiel de l’Association Japonaise des Frites, qui milite pour créer la meilleure frite au monde, celle qui changerait la vie de ceux qui la mangent. On en est encore loin.

OUI, C’EST LA FAUTE A LFI.

(amélioration apportée suite à la suggestion d’un collègue clairement plus drôle que moi)

Les américains ont ramené leur frite (comme d’hab, mdr) dans ce pays, et c’est resté le standard. Puisqu’on vous dit que le Japon est dans les années 2000 depuis 50 ans…

Et je vous entends aussi, les autres, « gnagnagna Célestin qu’est-ce que tu viens nous faire chier avec tes histoires de frites, t’as qu’à les frire tout seul comme un grand ».

C’est non.

Sur ce, je vais commander mon menu B3 et S7.

Allez, bonne journée.